lundi 18 décembre 2017


Toutes les cheminées ne sont pas égales.

La charrette au vieillard postillonnant,

Survole en une nuit tous les continents,

Mais toutes les cheminées ne sont pas égales,

Dans cette distribution de rêves bancales…














À l’enfant collatéral, dans la rue en ruine,

Le Nicolas assaini explique d’une voix chagrine :

« Petit, je n’irai pas dans ton coin cette année,

Mon contrat est sans ta clause de désespéré. »






L’ancêtre du Pôle, au nord de la pauvreté,

Ne pourra malheureusement pas s’arrêter

Chez ceux aux demeures de sans-abris :

Il lui faut un toit pour poser son fourbi…




Et pour les reines de l'enfance,

Il aura l’étrenne pleine de déférence,

Mais pour les gueuses sans enfance,

Il n’aura que l'oubli de circonstances.





jeudi 14 décembre 2017



Croque-vie. (33)

Dessins croqués sur le vif, novembre 2017


145- Parc des Pionniers, Baie-Comeau







Par une journée
d’automne
au climat
qui déraisonne,
les gens vont
et viennent
sur le bord
de ce fleuve
tellement grand, 
que les regards
s'y perdent à
l’horizon.










146- Parc des Pionniers, Baie-Comeau







Certains alors,
dans de futiles
tentatives,
essaient
d’emprisonner
leur regard sur
une pellicule,
d’en conserver
la forme dans
les mailles du
temp. Mais…













147- Parc des Pionniers, Baie-Comeau







Le temps
n’a que faire
de leurs prétentions
sur son passage.
Il s’écoule à son
entendement,
sans considération
pour leurs rêves
et leurs désirs.
Les gens du bord
du fleuve ne
peuvent que…  












148- Parc des Pionniers, Baie-Comeau






...le regarder
passer sans se
presser. Et
c'est peut-être
là l'unique
manière de 
le figer
pour un moment : 
s’oublier 
à l’horizon de
ce fleuve tellement
grand, que le
temps s’y perd
lui-même
à l’occasion…













mardi 12 décembre 2017


Un titre 34 

Les déambulations des uns et des autres, dans l'espace bien loin d'ici. 

Chapitre 15 


Des proportions disproportionnées et des saules pleureurs.



Hal qui était en trois, se sépara en deux pour pouvoir retrouver Saule et Soda, puis les ramener en un (seul morceau). Bien qu’il conviendrait davantage (et il est toujours mieux de se plier aux convenances (même s’il ne convient pas toujours de s’y plier en deux)) de dire qu’il allait ramener un deux en un (seul morceau toujours) : ils avaient chacun une intégrité qu’ils ne tenaient pas à voir désintégrée !



Hal se fendit donc en deux pour envoyer deux et un de ses corps en deux groupes (s’il les avait séparés dans des proportions inégales, c’était parce que s’il en eût fait deux groupes d’un et demie, il eût bien trop diminué les moitiés qui accompagnaient les intégraux) avec les patrouilles d’affreux sales et méchants soldats zorglubiens. Les deux corps de trois (qui à deux étaient à l’étroit) accompagnèrent la patrouille qui avait reçu l’ordre d’aller dans la chênaie vérifier ou en était Saule avec les fûts (pour savoir ce qu’il fut des fûts), tandis que l’autre un tiers réparti (en un des deux groupes), repartit avec ceux des vilains qui se rendaient au barrage que Soda préparait à se transformer en alambic. (Il allait devenir le premier barrage à la source de l’ivresse, plutôt qu’un moyen d’en gérer la conséquence.)



Les doubles Hal qui se rendirent à l’affût des fûts, avec la patrouille de vilains qui puent, quand ils contactèrent Saule, furent déçus par le refus qui leur fût rendu…



Saule dans la chênaie, était devenu un arbre heureux, qui ne voulait plus quitter ses chênes !


Cela n’avait rien de surprenant pour ce végétal qui s’était égaré depuis si longtemps dans un univers animal : depuis qu’il avait quitté sa planète natale en quête d’aventure, il ne s’était jamais retrouvé dans un milieu aussi intensément végétal qu’ici, enchaîné dans cette chênaie. Aussi, quand dans sa tête de bois, les paroles télépathiques transmises à son système sympathique par Hal (à l’aide de sa puce intégrée qui ne le démangeait pas), agitèrent les feuilles de sa pensée, il soupira de l’entendre lui annoncer qu’il venait le délivrer. Il soupira donc en réponse à son soupirant, qu’il ne voulait pas l’être. (Il ne voulait surtout pas être l’hêtre, tout saule qu’il était au milieu des chênes).



Aussi devant cette fermeture éclair (sa décision avait été prise (de courant à cette vitesse) en moins d’une seconde), Hal convînt-il de l’inutilité d’insister, et lui en fit-il part (même s’il ne part pas, se dit-il in petto (le frère de Gé (Petto)).



-Mais si tu pouvais, lui pensa par sa puce Saule, me débarrasser des zorglubs qui t’accompagnent dans ce commando, ainsi que de ceux qui me surveillent, je t’en serais reconnaissant…



-Ça va me faire plaisir, lui dépensa (il dépensait sa pensée en la lui transmettant) Hal. Ça va me donner l’occasion d’essayer les armes terriblement létales (tellement létales, que celui à qui tu en envoies une décharge, tu létales) dont j’ai équipé mes robots. Ensuite le vais pouvoir les envoyer pour aider à la délivraison de Soda…



-Je t’en suis fort gré, pansa (il voulait par cette pensée reconnaissante, bander la blessure qu’il avait faite à l’IA de ne pas l’avoir laissé le sauver) Saule. Et si tu veux bien, quand tu vas le retrouver, dis à Soda que je regrette de ne pas poursuivre ma route avec lui, mais que je ne regrette pas d’avoir fait tout ce bout de chemin en sa compagnie…



Saule n’en pensa pas plus, parce qu’il sentait que s’il poursuivait, la sève n’allait pas tarder à s’écouler le long de son tronc.



-En fait, reprit Hal, émue par l’émotion du saule (qui avait bien failli devenir un véritable saule pleureur), je pense que j’ai une solution pour que tu ne sois pas complètement séparé de ton ami, malgré la circulaire Dyson (à ne pas confondre avec la circulaire du Pneu Canadien). Laisse-moi quelques secondes que je trucide tous les méchants, et je te l’expose…



-Oui, explose-les avant de m’exposer, lui pensif (il était presque un if qui pense, après tout) Saule…

jeudi 7 décembre 2017


Incontinence temporelle



Le jour où j’ai perdu mon temps,

(Un matin où j’allais trop lentement

Pour que le lendemain ne me convoque)

Je suis devenu un sans-époque !




Je n’avais plus de passé antérieur,

Rien qu’un futur intérieur

Dont l’instant m’avait fait présent,

Pendant le repos d’un moment.

 

Mon air du temps s’était essoufflé,

Quand mes jours s’étaient démodés,

Je n’avais plus d’idées empaquetées,

Pour m’organiser une pensée en société.





Il ne me restait plus une seule seconde,

Pour faire ma traversée du monde,

J’étais devenu un incontinent temporel :

Le temps qui fuit est sans échelle !







Aujourd’hui je marche en arrière,

Je recule l’horloge de demain à hier,

Pour ne pas que l’instant rebelle,

Devienne un recommencement à l’éternel.


samedi 2 décembre 2017

mercredi 22 novembre 2017


Un titre 34 

Les déambulations des uns et des autres, dans l'espace bien loin d'ici. 

Chapitre 14
Des trips à trois et des ravis qu’on est ravi qu’ils ne le soient plus.




Hal inséra son esprit dans les trois robots qu’il avait créé à la parfaite ressemblance des trois sous-émissaires (et m’y sert saoul) détenus dans la soute du Spartacus, transformé en taverne pour l’occasion. (L’occasion faisant le larron, nous larron l’occasion d’en reparler). 



Hal, par sa scission d’esprit tripartite, se retrouvait donc en plein trip à trois…



La sphère de disons (-le, elle était ronde cette clôture spatiale) étant prête à être activée, il était temps d’aller chercher Saule et Soda, et il fallait le faire avant de la faire (l’activation dudit son), parce que si Hal voulait les défaire de leur retenue d’otage des Zorglubs, (et par là faire en sorte qu’ils ne se retrouvent pas emprisonné à tout jamais sur la planète de ces affreux sales et méchants, (qui puaient, je ne sais si je l’ai précisé)) il fallait qu’il fisse ce qu’il fallait (et qu’il le fisse avec ses fils robotiques).



Hal en trois contacta donc les vaisseaux zorglubiens de la flotte de surveillance pour leur dire qu’ils (ils étant eux dans cette phrase, Hal, qui était singulier avant d’avoir été pronominalisé, devînt (qui l’avait prédit) pluriel du fait de cette trinité) avaient échappé à la surveillance des terriens, et qu’ils s’en venaient les rejoindre dans une navette volée, pour une envolée vers leur planète natale, (létale pour les étrangers) afin de se préparer à donner une sacrée volée au reste de l’univers.



Les affreux méchants, qui s’ils étaient vindicatifs n’en étaient pas moins naïfs, les crurent sur parole, et les accueillirent à bord lui et ses triples (mais pas ses tripes, c’était des robots, rappelons-le-nous), avant de revirer de bord pour partir vers la planète à cueillir (mais pas accueillante).



Les Zorglubs de la flotte repartirent donc dans l’espace avec les robots espions de Hal, dont ils n’avaient pas deviné la véritable nature pas naturel. Au bout de quelques heures, ils atterrirent sur leur vilaine planète, pas très nette…



Hal, à cheval de ses trois robots, quand il mit pied six pieds sur terre des Zorglubs, demandèrent (il était trinité, ne l’oublions pas) à rencontrer le vilain en chef afin de lui transmettre des informations importantes concernant les humains du vaisseau dont il venaient (le sujet singulier Hal ne s’accorde pas avec l’action des trois robots, le verbe tirant son pluriel de son état plutôt que de ses relations) de quitter l’espace en l’espace de quelques heures.














Hal inséra son esprit dans les trois robots qu’il avait créé à la parfaite ressemblance des trois sous-émissaires

On les conduisit donc sans délai (mais avec des laids pour escorte) au chef suprême.  

Le vilain en chef, s’il ne s’attendait pas à les voir, attendaient pour les voir. Il n’avait pas prévu qu’ils trouveraient moyen de fausser compagnie aux humains, mais il était ravi qu’ils ne le fussent plus (ravis). Mais si son ravissement n’alla pas jusqu’à lui faire manifester du contentement, on peut dire que cette bonne nouvelle lui rendit la hargne moins vindicative.



-Votre attitude sournoise et irrespectueuse des règles diplomatiques, éructa-t-il à l’intention de Hal en tiercé, est indigne d’un peuple civilisé. Mais comme nous les Zorglubs ne le sommes pas, nous devons nous en réjouir. Nous allons donc pouvoir faire mourir nos otages dans d’atroces souffrance quand ils auront accompli ce pour quoi nous les avons en prise d’otages, sans crainte de représailles sur nos représentants cédés lors de l’échange de prisonniers. 



Hal tripartie ne sourit pas de ses trois bouches (ses robots, qui étaient à l’image des zorglubs, n’avaient pas les muscles nécessaires pour le faire), mais il laissa transparaître sa satisfaction, ce qui se vit dans un léger relâchement de la posture des guerriers psychopathes qu’il incarnait. (En quelques sortes, il était un peu comme leur oncle incarné).



 -Pouvez-vous nous dire où en sont les délégués humains dans la préparation de notre industrie alcoolisée, que nous sachions quand nous allons pouvoir les torturer horriblement, demanda le chef mauvais en se retournant vers un de ses subalternes.



-Justement maître, il semblerait que le moment où nous allons pouvoir nous passer de leur expertise serait proche…



Hal se dit alors que le gus ignorait à quel point le moment était proche, il venait en effet d’enclencher le protocole Dyson, et il ne restait plus que vingt-quatre heures avant que la planète ne soit isolé à jamais du reste de l’univers. Ce qui voulait dire également qu’il ne lui restait plus que ces vingt-quatre heures pour sortir Saule et Soda de cet endroit, où il ne ferait pas bon vivre très bientôt.

jeudi 9 novembre 2017


Les immigrés de l’intérieur.




Ils immigrent nos intérieur,

Ces étranges venus d’ailleurs.

Ils hissent leurs voiles damnés,

Sur le mât de  nos préjugés.








Nous émigrons de notre douleur,

Nous, nous éloignons avec nos peurs,

Sur notre terre d’ancestrale lignée,

Ou nos aïeuls ont immigré.





Ils briment notre uniculturalisme,

Ils nous assaillent dans notre unilinguisme.

Nous en perdons notre identité au collectif,

Notre charte des valeurs apocryphes.

lls nous réfugient dans nos traditions,

Nous oppressent dans nos opinions,

Traversent notre frontière d’insécurité,

Ces clandestins à la noire identité.





Nos peurs nous sont rassurantes,

L’autre a bien trop de différences,

Il nous faudrait traverser tant de ponts,

Pour migrer vers sa compréhension !




vendredi 27 octobre 2017


Un titre 34 

Les déambulations des uns et des autres, dans l'espace bien loin d'ici. 

Chapitre 13



Du temps qui passe et des répliques qui repassent.



Pendant ce temps-là, temps-là qui étant ailleurs était d’un autre temps en raison de sa relativité relative à l’endroit qu’il occupait quand ils le virent passer (sans qu’il les ait dépassés, il n’y a qu’un passé), Georges, Menaud et les otages Zorglub étaient revenus sur le Spartacus.



Se revenant dans leur vaisseau, où ils comptaient faire ce qu’il fallait (si tu fais ce qu’il faut, il ne faut pas que ce que tu fasses soit faux) pour mettre les Zorglubs hors d’état de nuire, ils devaient trouver un moyen de se débarrasser de ceux qu’ils avaient ramenés en otages, sans que rien n’y paraisse. S’ils se contentaient de les trucider et de jeter les corps dans le vide de l’espace, peut-être que le vaisseau de la flotte des vilains affreux qui était resté dans les parages en sentinelle, n’allait pas apprécier cette trucidation, aussi décidèrent-ils d’offrir à leurs invités aux antipathiques manières, un cocktail de bienvenue…



Le truc bienvenu dans le cocktail, fût que dans les verres des Zorglubs on mit suffisamment d’alcool pour les saouler proprement. Propreté éthylique qui fut rendue possible par l’effet que la boisson avait sur les vilains affreux : étant à leurs premiers balbutiements avec les produits alcoolisé, ils balbutièrent joyeusement dès le deuxième verre, avant de sombrer dans une ivresse profonde au troisième. On les installa alors confortablement dans de moelleux fauteuils, et on s’assura que les serveurs veillent à ce que leurs verres ne soient jamais vides…



C’est bien connu, les avides ont horreur de vide !



Maintenant que l’on s’était débarrassé des malavenants visiteurs, Georges était prêt à passer à la suite des choses. Il s’ensuivit donc sur la passerelle de commandement, rejoindre Menaud et les autres cocapitaines (la nouvelle chaîne de commandement du vaisseau était une chaîne stéréo, tous les officiers le commandaient en harmonie consensuelle) afin de faire le poing sur le prochain coup à donner, pour mettre le point final à cette phase de l’opération (pas question de remettre les décisions à plus tard, il n’y aurait point de suspension).



Hal, qui par sa puce déléguée en Soda et son contact végétal avec Saule, suivait ceux-ci en temps réel (pour que le temps soit réel, il faut réaliser qu’il passe) pouvait donc leur faire part de ce qui se passait avec eux (outre le temps, qui lui passait sans eux). C’est ainsi que les spartakiens apprirent l’échec de l’élongation temporelle qu’avait tenté Soda. Ils auraient donc bien moins de temps que prévue pour atteindre leurs objectifs…



Ils risquaient d’être dépassés par le temps qui passait !



-Mais cela n’est pas si grave que cela, intervint alors Hal d’une voix grave dans le conciliabule à consensus des cocapitaines. L’exploration par Saule de la chênaie qui s’étend presque sur toutes la planète, m’a donné suffisamment d’éléments d’analyse pour que je fabrique une nouvelle sphère de Dyson adapté à la structure de cette planète que nous endysonnerons. Comme la planète regorge de chênes, il me sera facile de lui mettre des chaînes…


-Mais comment allons-nous rapatrier Saule et Soda lorsque la planète sera confinée dans le champ de force ? demanda quelqu'un d'une petite voix.




-Nous allons aller les chercher juste avant d’activer le champ de force, répondit Hal à un inconnu (les personnages secondaires étant secondaire, et je ne me ferai pas suer à leur donner des noms).



-Et comment allons-nous le faire? répliqua l’incognito secondaire.



-Nous allons, nous déguiser en Zorglubs grâce aux otages comateux que nous avons ramené…



- Mais comment allons-nous rapatrier Saule et Soda lorsque la planète sera confinée dans le champ de force ? Et comment allons-nous faire ? répliqua l’incognito secondaire (étant secondaire, il n’a pas droit à plus de deux répliques, donc il les réplique).



-Je les ai analysés, et je vais mouler des robots qui seront leurs parfaites répliques. (Ce à quoi le secondaire ne répliqua pas.) Robots dans lesquels je vais répliquer mon intelligence, et à l’aide desquels je vais pouvoir aller récupérer Saule et Soda...

vendredi 20 octobre 2017


Striptease automnal


Je m’effeuille de l’automne.

J’ai le vieillir qui résonne,

Des frondaisons que dégarnissent,

Le poids de mes cicatrices.














Sur mon sol, par les feuilles enseveli,

Je cherche des traces du temps qui fuit,

Mais il n’y a que des ramilles disséminées,

Pour faire terreau à l’imminente réalité.







Les premiers gels m’emprisonnent,

Dans mon âme qui grisonne.

La froidure fige mes racines,

Dans un oubli qui les assassine.





Les outardes quittent mes rivages,

Pour mon futur qui se désengage,

Bientôt il ne me restera plus,

Qu’à attendre la trop longue nuit…


mardi 17 octobre 2017

dimanche 15 octobre 2017


Un titre 34 

Les déambulations des uns et des autres, dans l'espace bien loin d'ici. 

Chapitre 12

Des plans qui plantent et des barrages cadenassés





Par l’idée expliquée de Soda, du Zorglub la curiosité fût piquée, (sans qu’il ne fût pour autant, pourtant dans cette piqure, question de piquette pour temps de disette). Le Zorglub ainsi curieusement piqué, se gratta de l’idée qu’on venait de lui exprimer (sans cependant, et sans qu’il se pende (sans se pendant), que ce grattage d’expression ne lui fasse modifier son expression de colère non retenue).



L’idée exprimée était fort simple au demeurant, mais complexe au demeuré. Il s’agissait de trouver une rivière barrée (cadenassée par un barrage hydroélectrique), d’utiliser son réservoir comme boiler, y mélanger les ingrédients d’un scotch du meilleur millésime actuel, puis de faire bouillir le tout afin que distillation se fasse dans des conduits en colonne jusqu’aux turbines, qui serviront de condensateurs.



-Il me semble, dit alors Grrr 1er (le Zorglub en chef), que votre plan soit quelques peu alambiqué…



-C’est normal, il s’agit de construire un immense alambic…



-Ah ! ahana le Zorglub.



Soda décida de ne pas laisser au vilain méchant trop de temps pour réfléchir au concept distillatoire qu’il venait de lui soumettre. Il valait mieux qu’il ne se pose pas trop de questions, ni qu’il ne lui en pose trop par la même occasion. La seule distillation qui se ferait à partir de ce plan, serait celle des ambitions des Zorglubs de saouler le reste de l’univers…



Les éléments le constituant allaient se séparer de toutes réalités !



Soda l’incita donc à se mettre immédiatement à la recherche de barrages hydroélectriques pour alimenter son projet hydrocéphale. Il lui suggéra de faire une liste des dix sites les plus intéressants, qu’il allait ensuite soumettre à un groupe d’experts indépendants, qui pourraient à la fin d’un processus rigoureux, remettre un rapport de huit cent pages sur la marche à suivre pour assurer la faisabilité du projet.




-Tu aurais dû lui suggérer de s’assurer de l’acceptabilité sociale du projet, et lui dire de tenir compte du principe de précaution dans sa démarche, intervint alors Hal qui était toujours niché dans le cerveau de Soda…



-J’y avais pensé, pensa Soda à Hal, mais je ne voulais pas qu’il perde tout espoir de voir son projet aboutir un jour. Le comité d’experts devrait lui faire perdre assez de temps pour que nous en ayons suffisamment pour mettre notre plan à exécution…



Hal se retira des pensées de Soda (il se dépensa) pour lui permettre de concentrer sur ce que Grrrr 1er (avec quatre r plutôt que trois, on peut dire qu’il ne manque pas d’air) était en train (dans les faits il n’était pas en train, il était en fusée, mais le sens de figuration des mots étant, il l’était) de lui dire. Dires qui consistait en un avertissement de s’attacher la ceinture, parce qu’ils étaient sur le point d’atterrir sur la planète.



Il l’attacha et ils atterrirent.



Quand ils atterrent furent, les Zorglubs se séparèrent en deux groupes ayant chacun une mission distinguée. Pour les uns, ils allaient inspecter un barrage que les Zorglubs pensaient adéquats pour leurs visées, et pour les autres, ils accompagneraient Saule dans une forêt des environs, pour dénicher, avant de les déraciner, des chênes aptes à devenir fûts.



Malheureusement pour son ambition de perte de temps, le leurre du comité d’experts de Soda n’avait pas fonctionné. Grrr 1er les avaient tous tué lors de la rencontre initiale, quand ils avaient proposé une série de rencontres pour déterminer la sorte de papier qui serait utilisé lors de la rédaction du rapport préliminaire. (On raconte qu’il avait craqué au mot préliminaire.)



Cette réaction quelque peu vindicative, est peut-être l’explication de l’absence de bureaucratie dans la société des Zorglubs : les fonctionnaires s’y font descendre avant de monter en grade !



De ceci découlait qu’ils auraient bien moins de temps que prévu pour exécuter leur plan de déconquête. Sera-ce suffisant ? Seul l’avenir (et l’auteur) saura répondre à cette question…