Un titre 34
Le retour au temps perdu, dans l'espace bien loin d'ici.
Seizième épisode
De la santé du mental et des
psychiatres fous.
Après
avoir pris la drogue désalcoolisante prescrit par le médecin du commando, les
commandés dudit (commando) se séparèrent en deux groupes. L’un commandé par
Soda (il fallait bien quelqu’un pour commander les commandés) tandis (c’est le
temps qui le dit) que l’autre était décommandé (un commandement décontracté)
par le médecin dudit (toujours le commando) : le docteur Welby. Le médecin
sans famille (il les avait laissé sur terre quand il l’avait quitté) avait pour
mission de trouveur un vecteur de santé mentale propre à inculquer un virus de
guérison psychique dans la psyché artificielle de Hal. Pour réussir cette folle
opération dans la folie d’une intelligence virtuelle, ils avaient besoin d’un
psy qui soit suffisamment fou…
Parfois,
il n’y a qu’un fou qui le soit assez pour le faire !
Le bon
docteur d’antan (dans le temps où il n’y avait pas de la couleur dans les
télévisions) avait décidé de commencer sa quête au ministère de la santé
mentale, espérant y quêter l’aide d’un spécialiste de la psychiatrie autonome
(quand le thérapeute est assez malade pour être aussi son patient). Pour
réussir sa quête, il avait fait enquête dans l’annuaire télégraphique (les
Coriquiens n’avaient pas encore inventé le téléphone, ils en étaient encore au
télégraphe). Il avait consulté la section consacrée aux services
gouvernementaux : les pages grises. (Elles étaient aux couleurs du
gouvernement environnementaliste planétaire, conséquence de l’ivresse du
pouvoir sur cette planète aux changements climatiques éthyliques).
Il y
trouva les coordonnées du monastère de la santé mentale…
Le
docteur Welby qui avait la ferme intention de dénicher le psychiatre le plus
fou de la planète, ne doutait pas de le trouver dans ce monastère de la santé
mentale (fondé par Raspoutine le moine fou, lors de son exil interplanétaire de
la Russie terrienne). Il s’y rendit donc avec ses commandés, et quand ils y
furent, ils surent de source sûre (ce qui rassure et nous assure qu’ils
n’étaient pas sans ressource) qu'ils étaient au bon endroit...
Si la
folie pouvait devenir folle, c’était là qu’elle le ferait !
Les
fonctionnaires y dysfonctionnaient en une danse de démence organisée. Au
monastère de la santé mentale, personne ne la possédait (la santé du mental),
mais chacun y avait le maboul structuré dans un organigramme qui assurait à
l’organisme, un fonctionnement bureaucratique parfaitement hiérarchisé, où les
subalternes lisaient les masses de rapports à propos de directives inutiles
écrits par leurs supérieurs…
En
bureaucratie, plus on est de fous… plus on lit !
-Bonjour
étrangers, leur dit le préposé à l’accueil, puis-je vous être d'une aide
quelconque, vous qui vous présentez au ministère de la santé mentale sans avoir
de rendez-vous ?
-Pourquoi
êtes-vous sûr que nous n'avons pas de rendez-vous ?
-Oh,
c'est simple, nous ne donnons pas de rendez-vous dans les ministères, parce que
si nous le faisions, il nous faudrait les noter dans des agendas, planifier les
rencontres, prévoir une salle, etc... Et tout ce surcroît de travail risquerait
de nous empêcher d'exercer notre principale fonction en tant que moine de la
bureaucratie...
-Et
cette fonction est ?
-De
faire des réunions afin d’émettre des directives. D'autre part, pourquoi
quelqu'un voudrait-il avoir affaire avec des représentants du ministère de de
la santé mentale ? Quand on l'a on n’a pas besoin de s'en préoccuper, et quand
on ne l'a pas… on s’en fout d’être fou !
-Évidemment,
vu de ce point de vue, lui répliqua Marcus... En passant, pourrais-je savoir
pourquoi vous êtes dans un pot ? Vous, vous êtes planté ?
-Oh
non ! N’ayez crainte, je n’ai pas été semé par l’incompétence. Si je fais de la
plante, c’est en raison de mes fonctions monastiques. Outre la cueille des
visiteurs, je m’occupe de l’approvisionnement des imprimantes et des dessinscopieur
(les coriquiens n’avaient pas encore découvert la photographie) en feuilles
autorecyclés. Je suis un bureaucrate à feuillage persistant. On utilise mes
services pour les rapports les plus poussés, ceux que produisent les
fonctionnaires qui veulent monter en graine. Mais je ne suis pas ici pour
m’effeuiller. Alors, que puis-je faire pour vous ?
-Eh,
bien voilà, lui répondit Marcus, nous aimerions vous emprunter un psychiatre
assez fou pour traiter notre IA.
-Oh !
Si ce n'est que cela, répliqua Laplante (c’était évidemment le nom du
fonctionnaire), vous n'avez qu'à vous servir. Justement, en parlant du fou...
Il
s'interrompit alors et leur fit signe de le suivre. Il les emmena près d’un
homme assis par terre, vêtu d’une
robuste camisole attachée sur le devant, et qui lui entravait les bras par
derrière...
-Voilà
justement un de nos plus éminents psychiatre. Vous êtes chanceux, il est
disponible : les infirmiers viennent juste de lui passer sa camisole de
force...
-Vous
mettez des camisoles de force à vos psychiatres ?
-Uniquement
aux meilleurs, pour les médiocres une dose de sédatif suffit. Vous pouvez le
prendre si vous le voulez, vous n'en trouverez pas de meilleur dans son
domaine. De toute façon, si c'était le cas, il ne vous serait pas très utile...
-Pourquoi
?
-Parce
qu'alors, en plus de la camisole, nous lui aurions mis une muselière... Vous
n'avez pas idée comment ils peuvent être épuisants quand ils essaient
psychanalyser tout ce qui passe… ils ont l’Œdipe agressif !
Marcus
et ses commandés jugèrent plus sage de ne pas commenter. Les commandés
chargèrent donc le psychiatre sur leurs épaules, et ils s'en furent, satisfaits
d'avoir accompli la première partie de leur mission...
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