Un titre 34
Le retour au temps perdu, dans
l'espace bien loin d'ici.
Onzième épisode
Des sirènes qui déchantent, et des nounours
qui donnent la frousse !
Georges fut surpris quand il entendit
l’alarme retentir. Il le fut d’autant que celle-ci était une sirène qui
sifflait ce qui ressemblait à s’y méprendre au chant d’un Loriot[1]…
-Qu'est-ce
qui se passe ? demanda Georges. Pourquoi la sirène chante-t-elle sa panique
dans tout le vaisseau ?
-Parce
qu’elle veut attirer notre attention sur les rochers sur lesquels nous risquons
de nous fracasser si nous ne l’écoutons pas…
-Des
rochers ? Quels rochers ?
-Ceux
de la flotte armée jusqu’aux dents qui nous pourchassent, et nous menacent de
leurs gros canons : ils seront les rochers de notre adversité si nous
n’écoutons pas le chant de nos sirènes !
L’officier
des communications les interrompit alors…
-Capitaine,
nous venons de recevoir un appel qui vous concerne de la flotte qui nous cerne.
Leur capitaine veut entrer contact vidéo avec vous…
Et c’est
ce qu’il fit. Et à la stupéfaction de Georges, il le fit sous l’apparence d’un ourson
de peluche...
-Arrêtez
tout, s’écria Menaud, ce sont des pirates peluches, si nous ne…
Mais
il ne put terminer sa phrase, comme un zombie mariné (le zombie se conserve
mieux dans le vinaigre avec de l’ognon) il se leva et se mit à marcher les bras
tendus devant lui vers l’hostile ourson… Georges voulut lui dire d’arrêter, mais
il ne le pût, envouté qu’il fut lui aussi par le Calinours maléfique…
Ces
ursidés peluchés infernaux comptaient parmi les plus redoutables bandits de
l'univers. Quiconque jetait le regard sur l’un d’entre eux, ne pouvait plus
l’en détacher, et il sentait alors pris d’un irrépressible besoin d’aller vers l’adorable
prédateur sans pitié, pour lui faire un gros câlin. Mais une fois qu’il était
entre les bras du démoniaque Winnie, celui-ci l’y broyait cruellement...
Mais par
la grâce d’un insecte endormi, le sort de la proie que l’on broie leur fut
évité…
Georges
avait été en effet, sur la planète Verrat, piqué par une mouche ést-ést (un
anophèle qui contrairement à son cousin Tsé, s’endormait quand il piquait (d’où
l’expression piquer un somme)) et qui roupillait dans sa poche depuis.
Mais la
sirène chantante l’avait réveillé...
Le
cousin somnolent se trouva fort marri de se faire déranger ainsi au milieu de
ses rêves moustiquaires, et désireux de s’y replonger (dans ce sommeil aux
rêves mouchoirs) alla piquer le premier venu, dont il fut advenu que ce fût
Georges. Celui-ci, surpris de cette pique impromptue, détourna la tête de l’écran
envoûtant, ce qui l’arracha de son état de torpeur. Georges morfla alors l’insecte
dormeur réveillé d’une énergique tape, ce qui fit que Morphée ne put le faire (Morphée
nous morfle dans le sommeil).
Sitôt
arraché de l’emprise des ours sombres à venir (les jours, pas les ours), il s’empressa
de fermer tous les écrans afin que l’équipage sorte de son état zombique. Sitôt
que ce fût fait, il ordonna qu’on fît feu sur l’ennemi. Pour suivre le feu qu’on
fit (et non confit, on ne voulait pas le conserver) en trois dimensions, il se
rendit alors avec Menaud dans la salle de réalité virtuelle.
Ils y
virent leurs missiles aller à la rencontre de ceux des pirates, envoyés au même
moment que les leurs. Tous ces envoyés incendiaires se rencontrèrent à
mi-chemin, et s’explosèrent d’un commun accord (c’était des missiles
intelligents, ils pouvaient donc s’en négocier un (accord), malheureusement, ils
étaient de faibles quotients, aussi en négocièrent-ils un de mutuelle
destruction).
L'explosion
qui résultat de ces négociations de mutuelle assurance (de destruction) fût tellement
puissante, qu'elle créa une distorsion spatio-temporelle qui provoqua la
naissance d’un trou noir…
***
Quand
Georges revint à lui, il n'était plus là...
Il
était en plein milieu d'un désert avec pour unique compagnon Menaud (à défaut d’un
renard).
-Sais-tu
ce qui s’est passé ? demanda-t-il à son second (les capitaines demandent
toujours en premier à leur second)
-Nous
avons été aspiré par un trou noir causé par l’explosion...
-Et nous
avons été projeté dans un autre univers ?
-Peut-être
pas tout à fait capitaine. Comme nous étions dans la chambre de réalité virtuelle
au moment de l'aspiration, nous avons été projetés dans une singularité
spatio-temporelle virtuelle...
-Uns
aspiration qui ne manquera pas d’inspiration j’imagine ?
-Oui,
c’est une singularité singulièrement instable, où nous risquons de passer d’un
univers virtuel à l’autre sans avertissement.
-Et
ces univers virtuels, il y en a beaucoup ?
-Une
infinité capitaine. Et justement, je pense que nous sommes en train de passer à
une autre réalité...
Et
soudain, ils se retrouvèrent ailleurs…
[1]
Le Loriot
est un oiseau passereau qui est peureux
et qui se cache. On sait qu'il est là en entendant son chant si spécial.