mardi 28 mars 2017

Un titre 34 


Les déambulations des uns et des autres, dans l'espace bien loin d'ici. 

Chapitre 3



Des oreilles au cerveau, et des cercles d’accueil.

Quand ils abordèrent l’île sous cloche, il était temps : leur canot pneumatique commençant à manquer de pneuma, ses flancs rebondis s’essoufflaient par en-dedans de cette perte d’essence vitale (sans plomb naturellement).

Le canot pneumatique en perdant son air, se transformait en canot asthmatique…

Ce fût donc les pieds dans l’eau qu’ils abordèrent l’île, ce dont les indigènes ne leur tinrent pas rigueur (ce n’était pas des îliens irrigueurs, (si irrigateur est le bon terme, il n’en est pas moins le plus mauvais au jeu des mots) ils aimaient garder les pieds au sec). Ils leur tinrent plutôt les mains pour qu’ils s’extirpent des flots.  

Soda considéra cet accueil de bon aloi, comme un bon présage de la loi de l’hospitalité qui devait régner sur cette terre émergeante des eaux, (mais immergé sous son dôme palindrome (pas le mot mais la chose : qu’on en suive la courbure d’un sens ou de l’autre, elle revenait toujours au même d’un bout à l’autre)). Hal, qui veillait de sa discrète puce, confirma à Soda qu’il avait le présage très sage (sa vision et sa sagesse s’emmêlaient dans un savant tressage).

-Soda, lui murmura-t-il à l’oreille du cerveau, mon traducteur de coutumes extra-terrestre me confirme que l’aide que ces îliens vous servent pour sortir des eaux, est un gage de bienvenue.

-Ils ont des us dont ils usent bienveillamment, murmura Menaud avec son cerveau, à l’oreille de Hal.

-Mais trêve de bavardages si nous ne voulons pas leur mettre la puce à l’oreille que nous en avons dans la tête (celles de Hal, bien entendues (par les oreilles de leurs cerveaux)). Ils pourraient, tout bienveillants qu’ils sont, le devenir moins s’ils pensent que nous entendons des voix. D’ailleurs, parlant de voix, es-tu en mesure de nous permettre de parler avec la nôtre à nos hôtes, Hal ?

-Oui. Je viens de terminer de télécharger leur langage dans vos neurones.

-Parfait, subvocalisa Soda, (avant de se mettre à survocaliser pour les îliens). Bonjour peuple de l’île dormante (ils dormaient sous le dôme de l’île), nous sommes venus en amis sur votre terre.

Les îliens qui avaient fait cercle autour d’eux, se mirent à murmurer avec ravissement en entendant ces mots. Visiblement (ou audiblement), ils étaient ravis d’entendre ces étrangers parler dans leur langue. Et puis, quand ils eurent fini de se ravir entre eux, ils tinrent conciliabule. Finalement ils durent s’entendre (il eût été étonnant qu’ils ne le pussent, ils étaient collés les uns aux autres pendant le concile à bulle), parce que l’un d’eux quitta leur cercle pour faire quelques pas en direction de Menaud et  Soda. Il s’arrêta juste devant eux…

-Bienvenue sur notre île, étranges étrangers qui ne parlez pas étrangement, étrangement d’ailleurs. (Il se retourna vers ses pairs à la recherche de leur acquiescement, que d’un murmure appréciateur ceux-ci lui octroyèrent. Visiblement, ils avaient apprécié son entrée en matière, ce qu’il apprécia comme un encouragement à poursuivre dans la même veine (jugulaire.)) Nous sommes heureux de vous accueillir sur notre île, en amis admis parmi nous. Et l’admission que nous vous offrons (de nouveau il fit une pause pour jeter un regard inquiet à ses compatriotes, mais ceux-ci le rassurèrent de nouveaux murmures appréciables) est inconditionnelle, à la condition que vous nous aidiez à régler un petit problème…

La fin de sa diatribe jeta un malaise sur l’assemblée circulaire. Les îliens se mirent à regarder partout, sauf en direction de leur émissaire, tout en se tortillant dans tous les sens, tandis que ce dernier, qui semblait lui aussi mal à l’aise, s’efforçait vainement de ne pas le montrer.
-Et quel est ce problème, demanda Menaud, accentuant par sa question le malaise des autres qui étaient leurs hôtes…


-Et bien voilà, lui répondit l’émissaire en baissant les yeux, c’est un peu gênant, mais…

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