mercredi 16 mars 2022

 

Les barres parallèles…

Chapitre 4

 Des corps qu’on oublie, et des satellites qui éructent…

 

Rémarche se réveilla dans une peau qu’il ne connaissait pas. C’était un autre jour de nouveauté journalière qui n’avait rien de nouveau, un autre jour où il devait faire peau neuve, un autre jour où il n’avait que de diffus souvenirs de sa précédente incarnation (sa peau passé). Mais dans ce futur du lendemain (à ne pas confondre avec un futur sans lendemain) ses souvenirs revenaient peu à peu, pour ne pas dire pas à pas (ne pas le dire mais l’écrire). Et en attendant que ses souvenirs de papa aient laissé suffisamment de traces (ses pas de souvenirs, mais pas ceux de son papa) dans son esprit réincarné, il avançait en pleine confusion existentielle dans ce jour de nouvelles (avec peu d’informations). Ces réveils avec seulement quelques traces de la précédente incarnation l’horripilaient (là où Laurie pilait, il ne restait que des traces).

 

Mais tant qu’il ne trouverait pas un moyen de quitter cette planète, il devrait s’accommoder des aléas (mais pas des allées b qui étaient plutôt bien dégagées) de ce monde où il avait été pris dans les filets (avec ceux qui n’étaient pas lui mais qui étaient avec lui) d’iceux qui s’en étaient dépiégés (les piégeurs qui avaient fait un coup de filet afin de filer hors de (ce monde)).

 

À chaque réveil ils effleuraient une nouvelle réalité en endossant une nouvelle peau… les réalités qu’ils effleuraient se créaient de nouvelles fleurs dans des pots recyclés !

 

Il en était ainsi sur ce monde de populaires (chaque nouvelle peau n’avait plus l’air de la précédente) : de la peau qui était un facteur d’échange culturel, on avait développé comme culture l’art éphémère de la sculpture corporelle. On y changeait de peau comme on changeait de muse, passant du corps doué pour la flûte (inspiré par Euterpe[1]) à celui de l’accord (le corps accordé du jour) comique soufflé par Thalia[2] : croisements des corps et des muses mieux connus sous le nom de La croisière s’amuse.

 

Mais pour Rémarche, ce retour à la conscience de soi reposé (re peau c’est) n’était pas comme les autres. En effet (et dans les faits) ce jour premier (on était le trois du mois) pourrait en être un dernier. Venait de surgir dans ses souvenirs qui avaient terminés leur repas (pas à pas) ce qu’il avait fait pendant sa période d’inconscience dans l’entrepôt (entre deux peaux) …

 

En effet, pendant que son nouveau corps de peu de peau (il était passé de celui d’une entité corporative de près de 200 kilos à une forme corporellement de moins de 100 kilos) s’en venait rejoindre son esprit demeuré (mais pas un esprit de demeuré) dans son support virtuel, son lui évanescent, qui était resté sur la couchette pendant les dépositions, avait fonctionné à plein régime limité qu’il n’était plus par le champ de faiblesse. Et quand il avait pris connaissance (étant sans connaissance il pouvait s’ouvrir à de nouvelles connaissances) des rapports satellitaires, il s’était envolé vers le bureau de son supérieur d’un étage.

 

Ce dernier (qui ne l’était pas nécessairement dans la hiérarchie) le reçut affablement (tout supérieur qu’il était, cela ne l’empêchait pas d’être affable). Il l’invita à rester debout (les corps étant couchés, les esprits préféraient tenir leur bout,  même les deux bouts).

 

-Qu’y a-t-il ? Lui demanda le supérieur, mais affable.

 

-J’ai analysé les rapports éructés par les satellites, et à moins que les ballons ne soient sur la balloune (ils utilisaient des ballons atmosphériques pour sonder l’espace, ces derniers se déplaçant en harmonie avec les contraintes du champ de manque d’énergie) il semblerait qu’ils aient repéré des visiteurs dans notre espace aérien.

 


-Des aliens visiteurs ? Nous visitent-ils en ce moment ?

 

-Oui. Ils se seraient même posés à bord d’une navette pas très loin d’ici. J’ai pu accéder à leurs communications avec leur vaisseau maman, et ils disposent de la technologie nécessaire pour que nous puissions enfin quitter cette planète aujourd’hui demain (du fait des changements d’état d’esprit et de corps, il devenait difficile de savoir ce qui était hier de ce qui était demain quand on était aujourd’hui).

 

Il lui raconta alors tout ce qu’il avait intercepté (ce qui représente en gros le contenu des chapitres précédent). Son superviseur supervisa un long moment avant de lui faire un sourire.

 

-Ils s’en viendraient donc se fondre parmi nous ?

 

-Oui.

 

-Nous pourrons donc les prendre dans nos filets dès qu’ils seront fondants dans la ville.

 

-Oui, nous les ferons prisonniers, puis nous pourrons quitter ce monde et les y laisser à notre place…



[1] Muse de la musique dans la mythologie grecque.

[2][2] Muse de l’humour, dans la même mythologie que la précédente.

samedi 5 mars 2022

  Croque Vie : Anse-de-Roche (Municipalité de Sacré-Cœur, été 2021)


Entre les roches bordant le fjord insolent,

L’anse au cœur sacré arrête le temps.

Des demeures serties sur ses flancs,

L’infini du regard devient immanent…


Au quai de l’accord des touristes,

Le vin qu’on a tiré ne rend pas triste.

On s’y partage le pain et le sel,

Et le moment se fait éternel…


















Aux confins du royaume d’où sort l’eau *,

On a l’horizon des falaises qui laissent sans mot,

Là où la quiétude dure plus d’un moment,

L’âme se perd dans les flots turbulents…



Saguenay est la déformation du montagnais saki-nip qui signifie « source de l'eau ». Il est décrit par les Amérindiens qui rencontrent Cartier comme la voie qui mène au Royaume du Saguenay. (Source Wikipédia)