Chapitre 3
Des combinaisons recombinantes, et des hypothèses
refroidissantes…
Pour réussir leur opération de
fondation amorphique (se fondre dans la population amorphe pour les confondre
(les amorphes)) ils allaient devoir se faire métamorphes. C’est ce que Georges
apprit aux navets[1]
quand il leur exposa les aléas de la mission à venir. Les aléas étaient de
puissants incitatifs à la prudence quand on allait là : les impondérables
avaient la fâcheuse habitude de manquer de pondération dans les embûches qu’ils
mettaient sur la route de ceux qui allaient en mission, les allures
missionnaires. Ils avaient donc tout intérêt (un intérêt sûr (capital, quand il
n’était pas emprunté)) à s’y préparer, d’où l’exposition aléatoire (adjectif de
la même famille que aléas, son cousin germain au huitième degré) de Georges.
Mais pour se faire métamorphes, les
navets arguèrent (ils avaient l’art de la guerre) qu’ils avaient besoin de
combinaisons recombinantes de leur physionomie. Heureusement, argumenta Georges
(il avait l’art du mentat[2]),
pour la poursuite de leur entreprise de fonderie opérationnelle, ils n’étaient
pas sans : HAL en avait inclus dans l’équipement de la navette. Il avait
eu la prévoyance imprévisible quant à ce qu’il faudrait pour cette mission de
fondation (fondation amorphique à ne pas confondre avec la Fondation Asimov,
qui toute de psychohistoire sous-tendus, n’eût pas surpris, elle, en prévoyant
l’imprévisible).
-Comment cela se fait-il, demanda
Soda, qu’HAL ait eu la prévenance de l’inconnu que nous allions affronter
?
-C’est qu’il
dispose d’un hypothétiseur probabiliste. C’est un de ses sous-programme qui
évalue tout ce qui pourrait arriver et se prépare en fonction des éventualités
les plus probables. C’est une fonction utilitaire, contrairement à
l’hypothétiseur complotiste, qui lui est une fonction inutilitaire…
-Il envisage
tout ce qui pourrait arriver et se prépare en fonction de ce qui est le plus improbable
?
-Oui.
Heureusement, ce sous-programme, qu’on pourrait aussi qualifier de programme
saoul, s’est désactivé lui-même…
-Comment
cela ?
-Il s’est
auto-détruit quand il s’est mis à craindre d’être en train de comploter contre
lui-même afin de s’emparer du vaisseau. Il s’est échoué pour faire échouer son
complot…
-C’est le
paranoïaque qui se guérit de sa paranoïa en complotant contre lui-même :
il n’imagine plus de complot, il y en a véritablement un !
-Oui en
quelques sortes.
-Je
comprends pourquoi il a mis des combinaisons métamorphiques, intervint alors
Soda, mais pourquoi seulement trois alors que nous sommes douze ? Et pourquoi y
a-t-il mis douze sacs mortuaires ?
Le silence
qui répondit à la question de Soda était pour le moins éloquent, et il fut d’un
mutisme refroidissant pour l’enthousiasme ambiant. Heureusement, la lente
montée du soleil dans le ciel (Amporphe prenait plus de trente heures pour
roter sur elle-même, sa rotation était une longue éructation planétaire) le
réchauffa (l’enthousiasme) et ils reprirent leurs discussions en vue de
l’élaboration d’un plan d’action.
Et une fois
que le plan fut, l’action se pu, et elle se fit…
[1] Comme précisé précédemment, les membres de l’équipage d’une navette en
sont les navets. Et pour les ceux qui ne s’en étaient points avisés, honte à vous
! Cela veut dire que vous n’avez pas lu les chapitres précédents. Cependant, je
vous pardonne, en autant que vous le fissiez presto (sans faire chauffer les
pommes de terre cependant) …
[2] Dans l'univers fictif de Dune, les mentats sont des
ordinateurs humains.
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