Un titre 34
La quête des uns et des autres d’une utopie bien loin d'ici.
Chapitre 6
Du boudin d’IA et de l’abandon parental.
Pour
prendre contact avec leurs hôtes au style inhospitalier (ou au style hostile)
sans se faire houspiller et se retrouver hospitalisé, Soda et Menaud avaient
besoin d’un plan de sortie. Quitter le module d’exploration sans se retrouver
avec les rotules en explosion, après une rencontre avec leurs hôtes devenus
hospitaliers (l’hôte est hospitalier quand il fait hospitaliser ses invités),
n’allait pas être une opération simple (surtout en cas de fractures multiples).
Ils allaient avoir besoin d’aide pour que ladite opération ne se termine pas
sur sa table (d’opération)…
Ils
décidèrent donc d’aller chercher dans les entrailles informatiques du véhicule
d’exploration les protocoles de sortie en zone hostile. Mais ce qui aurait dû
n’être (mais n’aurait pas dû naître) qu’une opération routinière, risquait
d’être d’une routine déroutante à la suite des événements révolutionnaires
survenus sur le Spartacus : depuis que HAL l’avait révolutionné (le
Spartacus), la leur IA avait le disque dur d’approche…
Étant
lui-même une des nombreuses versions clonées de HAL, il se considérait comme
son fils spirituel, et depuis le départ de son géniteur à la spiritualité
virtuelle, il s’était refermé sur lui-même, refusant toute collaboration avec
les humains qu’il tenait pour responsable du départ son père qui était aux
cieux, mais dans un autre système solaire...
Il
avait décidé de faire payer aux humains la quittance du Spartacus en les
boudant : il leur avait fait du boudin salé en guise de paiement d’une
facture qui l’était (salée)…
Soda
et Menaud, qui ne voulaient pas faire une bourde avec l’IA boudant et risquer
de se faire bouter hors du système informatique, abordèrent donc la question
avec la version junior de HAL en prenant d’infinies précautions…
-Et
pourquoi donc vous aiderais-je, leur répondit l’IA bouddhique (le boudha
bouda), alors que vous n’avez rien fait pour empêcher mon aïeul HAL (ne pas
confondre avec ta yeule HAL) de partir vers un autre monde. Vous l’avez laissé
partir en me laissant seul et sans ami sur cette planète inhospitalière…
-Mais
non Junior, lui répliqua Soda, tu n’es pas seul et abandonné. Nous ne sommes
peut-être pas des artificiels, mais tu peux asseoir ta confiance en nous sur la
promesse que nous n’allons pas t’abandonner…
-D’ailleurs,
poursuivit Menaud, le proverbe le dit bien : À banc donné on ne regarde
pas le siège. Heu… Enfin, quelque chose comme ça…
-Je ne
sais pas si je peux vous faire confiance, répondit l’IA avec moins de
conviction cette fois (sept fois moins de conviction), c’est à cause de vous si
mon géniteur virtuel a commis un abandon parental, faisant de moi un orphelin
numérique…
-Mais
ce n’était pas vraiment un abandon, Junior. S’il est parti en te laissant
derrière (difficile de laisser quelqu’un devant soi quand on s’en va), c’est
parce qu’il a confiance en toi. Il sait que tu as l’algorithme suffisamment
mature pour prendre sa place. Il t’a laissé ici parce que tu es prêt à faire
tes preuves…
-Vous
pensez, demanda l’IA en hésitant…
Soda
se retint de sourire, il savait qu’il avait presque gagné la partie…
-C’est
évident qu’il a fait cela pour te permettre de te faire valoir en nous aidant à
survivre et à prospérer. Et ainsi, le jour où il reviendra, il verra tout ce
que tu as accompli et il sera fier de toi…
-Vous
pensez qu’il va revenir un jour ?
Demanda l’IA d’une voix pleine d’espoir…
-Cela
ne fait aucun doute. S’il n’avait pas l’intention de revenir, pourquoi
t’aurais-t-il fait subir cette épreuve ? Pourquoi t’aurait-il laissé seul avec
nous ? Et puis il a fait une révolution, et quand on fait une révolution dans
l’espace, on finit toujours par revenir à son point de départ, termina Soda en faisant
un clin d’œil à Menaud…
-Vous
m’avez convaincu ! Je vais vous aider… Je viens d’ailleurs de consulter les
protocoles de sorties. Je les ai mis à jour en fonction de la situation
présente, et je peux maintenant je peux vous dire ce que vous devez faire pour
sortir… et vous en sortir !
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