Un titre 34
Le retour au temps perdu, dans
l'espace bien loin d'ici.
Quatorzième épisode
Des plaines qui désertent, et des
déserts qui émoustillent.
(Dans
le trou noir virtuel…)
Quand le général se fut présenté à
Georges et Menaud, voyageurs particuliers (particulièrement chanceux de s’être
tirés indemne des flèches tirées par les indiens) de cette singularité (ils y
étaient particulièrement singuliers), Georges se dit que de se retrouver sous
la protection de Georges Armstrong Custer à la veille de la bataille de Litle
Big Horn n’était peut-être pas la meilleure façon d’éviter de s’y faire
massacrer. Quand Menaud lui demanda ce qui le tracassait, il lui expliqua ce
qu’il en était en général de ce général, et de la bataille à venir (mais sans
avenir pour ceux qui allaient y périr). Menaud, inconscient qu’il était de la
situation précaire qui était la leur (sa planète n’ayant pas vécu de guerres
indiennes, il ignorait tout du sens des flèches) en devint conscient au fil des
explications de son capitaine.
-Nous ne sommes pas vraiment au bon
endroit au bon moment, conclut-il des explications de Georges. Il serait peut-être
opportun de quitter l’armée de ce général avant qu’elle ne soit désarmée
définitivement.
-Il vaudrait mieux cesser
d’en disserter, et déserter le plus vite possible…
-Oui, lui répondit Georges,
allons-y sans attendre. Il n’y a pas de temps à perdre, et… (Mais le déserteur
en chef ne termina pas sa phrase, son attention soudain attiré par le Général
Custer). Vous ne trouvez pas que le général et son cheval sont bizarres ?
Menaud se retourna pour
observer le Custer en partance, et fût étonné en regardant le massacré en puissance
(puissance qui se transformera en impuissance lors dudit massacre). Il eût la surprise de constater que le général
futur vaincu avait vécu : il n’était plus !
Quant à son cheval, il
était devenu un chameau…
Mais ce n'était pas les seuls
différents que ses sens enregistrèrent d’avec le réel d’avant : la plaine
n'était plus pleine... elle était déserte !
-Finalement nous n’aurons
pas à déserter, dit Georges, il semble que ce soit le désert qui soit venu à
nous...
Ils étaient en effet
maintenant perdus dans le désert des Sébastes. (Ils ne le savaient pas encore,
mais ils s’y trouvaient… même s’ils ne s’y retrouvaient pas !) Ce déserté de
toute végétation était celui d’Alberta, la reine Sébastienne. C’était un erg
aux sables libidineux, qui avaient la particularité de s’insinuer
insidieusement par les pores de la peau, pénétrant tous les orifices pour venir
doper la production de dopamine du cerveau. Cette pénétrante stimulation libidineuse
induisait une luxuriance fantasmatique dans les neurones, qui résultait en une
éjaculation projective créatrice : elle faisait apparaître des mirages
d’oasis sensuels au sein du désert (sein que l'on aurait volontiers caressé
s’il se fût trouvé à portée de main).
Et comme on se trouvait
dans une réalité virtuelle, les images qui venait de naître de l’esprit de
Georges et Menaud passèrent de la virtualité à la réalité.
Ils allaient donc vers un
de de ces havres mamelonnés, leurs libidos exacerbées par les graines (de
sable) libidineuses du désert.
Mais ils n’avaient pas qu’une
soif égrillarde à satisfaire. Si leurs pensées étaient gorgées de pensées
libidineuses, ils n’en étaient pas de même de leurs corps : si leurs
imaginations s’étaient désaltérés d’érotisme, leurs gorges étaient trop
profondes pour s’abreuver de l’aridité désertique ...
Heureusement, quand ils
atteignirent la palmeraie égrillarde, ils purent étancher leur sécheresse
géorgienne (d’une région pleine de gorges : la Géorgie en regorge
paraît-il) et leur concupiscence. Ils étanchèrent dans la lagune de l’oasis
pour l’une, et entre les chairs accueillantes d’Alberta pour l’autre (la
princesse du Sébaste se faisait un devoir d’accueillir entre ses formes
généreuses, les égarés libertins qui empruntaient la piste du désir en son
désert).
Après les torrides ébats,
vint le moment des calmes débats.
-Pourquoi donc ce pays
désertique est-il appelé celui du Sébaste, princesse ? Demanda Georges à ladite
royauté vautrée à ses côtés.
-Parce qu'en virtualité
spatio-temporelle, il se peut qu'un pays qui est un immense désert tirent son
nom d’un poisson, alors qu’il n’en contient aucun en son sein (désertique).
Dans ces univers, le paradoxe est un art consommé sans modération, ajouta la
royale Sébastienne après un court moment de réflexion (dans un miroir, elle
adorait réfléchir à son image).
-Pardonnez-moi princesse,
intervint alors Menaud, mais comment se fait-il que vous vous sachiez dans la
virtualité de cet endroit singulier. En faisant partie, vous ne devriez pas ne
pas être en mesure d’en saisir le Tout...
-C'est que je suis un
élément singulier de cette singularité. Je donne dans la démesure depuis que
j'ai eu la grippe, lui rétorqua la monarchie prélassée sous les palmiers
enlacés (les arecs étant des créatures sensibles, les activités polissonnes de
leur souveraine stimulaient leur volupté végétale, et les entraînaient dans des
enlacements tout à fait coquins). Lorsque je fus grippé, je me mis à tousser,
et ce fût lors de ces expectorations que j’eu accès au Tout.
-Oh ! Si je comprends
bien, dit Menaud à l'altesse voluptueuse, l’atout que vous eûtes pour
comprendre le Tout, fut la toux que vous fûtes.
-Voilà, reprit la royauté
pornographique, vous avez compris, et moi je l'ai fait au moment de cette
épisode de la Toussaint, cette toux qui m'a révélé la sainteté du Tout.
Les deux voyageurs de la
virtualité entreprirent alors d'interroger la royale débauchée qui savait tout
du Tout, afin d'en apprendre suffisamment pour avoir un atout dans leur jeu, et
ainsi ne pas se retrouver avec rien du Tout lors de leurs pérégrinations
quantiques qui les mèneraient sans doute un peu partout...
-Ce
qui importe, leur dit-elle, est que vous sachiez que dans la singularité,
toutes les réalités que vous rencontrerez proviendront du cerveau de Georges,
parce que c'est par lui que la singularité est devenue virtuel lors de
l'explosion qui l’a créée.
-Parce
qu'elle a accédé à son inconscient, inconscient qu'il était lors de
l'explosion, compléta alors Menaud.
-Exactement.
Et comme il fût la passerelle (bien qu'il ne fût pas sur la passerelle à ce
moment-là) entre la singularité et le virtuel, il est le seul qui puisse
influer sur les réalités que vous allez rencontrer...
-Et
comment je fais pour influer ? Demanda Georges.
-Avec difficulté, lui
répondit Alberta
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