Les barres parallèles…
Chapitre
6
Des subterfuges licencieux, et des scientifiques rougeoyants.
Pour rencontrer les
Spartakiens, Rémarche s’était habillé en scientifique. Il en avait revêtu la
peau (il se l’était imposé) lors de son réveil. Sur cette planète aux
permutations corporelles quotidiennes, il était permis de choisir son
incarnation du jour si on occupait un métier spécialisé : la stabilité
dans ces corps de métier était privilégiée, afin que les corps au travail
aillent dans les bons quarts de travail.
Lorsqu’ils avaient
découvert l’arrivée prochaine des Spartakiens dans le système, les supérieurs
hiérarchiques et étagers (ils avaient leur bureau un étage plus haut) de Rémarche
l’avaient enjoint subterfuger (le verbe n’existant pas, il me fallut user d’un
subterfuge licencieux littérairement pour l’utiliser) ces nouveaux-venus.
La démarche de
Rémarche (auprès des Spartakiens en marche pour trouver une solution rythmique
aux problèmes de lenteur endémique de ce système solaire sans salaire temporel
(de sa réalité issus du champ de faiblesse dans lequel il baignait, par la
lenteur qui y prédominait, le temps n’y était vraiment pas de l’argent :
les heures y étant trois fois plus longues, leur rémunération alors (alors à
l’heure de tout à l’heure) atteignait des bas-fonds qui leur donnaient une
nature quasi inexistante)) était une marche
militaire : le pas avait été donné par les officiers de l’Armée du salut (armée
susnommée en raison du salut qu’ils feraient aux habitants du système quand ils
allaient le quitter).
Le subterfugeur
(licencié par la poésie) les reçut donc dans son laboratoire secret qui avait
pignon sur rue (c’était un secret mal gardé, mais bien regardé) au centre-ville.
En conséquence de cette secrète visibilité, ils n’eurent pas de difficulté à
trouver ce labo secrétant. Un néon clignotant et clinquant au-dessus de la
porte en indiquait l’entrée ; Laboratoire secret, entrée secrète.
Chut !
Devant cet incitatif
au silence, ils entrèrent muettement dans les bureaux où les attendait le faux
scientifique réellement militaire qui ne portait pas l’uniforme de l’un mais
les habits de l’autre. Rémarche étant d’une race humanoïde, peu de chose le différenciait
des hominidés venus le rencontrer, si ce n’était ses avant-bras et ses mains
qui étaient d’une couleur rouge gêné (il tenait ce rouge de ses gênes, et non
de sa gêne d’être un subterfugiste (une licence de peau éthique
douteuse)).

-Bonjour, leur
secréta-t-il (preuve étant que le labo secret ne secrétait pas que des cachotteries,
il secrétait également des banalités) à leur entrée dans son faux laboratoire
véritablement piège. Bienvenue ici. Je suis content de vous recevoir, d’autant
plus que je vous crois être des habitants de cette planète, et pas du tout des
étranges venus d’ailleurs qui possèdent d’une navette que nous pourrions vous
subtiliser subtilement afin de nous enfuir d’ici grâce à la technologie
contrariante que nous avons développé depuis que nous sommes pris ici…
Rémarche se demanda si
ses paroles n’avaient pas dépassé quelque peu sa pensée, ce qui n’avait rien de
surprenant dans ce système où le temps était doublement relatif : ses
habitants pensaient à ce qu’ils disaient, mais seulement après l’avoir dit. Soda
avait été avisé par Hal de ce phénomène de pensée inédite (la pensée qui n’est
dite qu’à sa suite). Il avait donc pensé à ce qu’il dirait quelques heures
auparavant afin de laisser à sa pensée le temps de se rendre à sa parole, et
éviter qu’elle ne la dépense (la parole qui n’est pas dépassée ne dépense pas la
pensée).
-Je suis heureux
d’entendre cela. Si vous m’expliquiez ce qu’il en est de cette technologie…
Ce que fit Rémarche
sans pansement (une pensée où la poésie est licenciée). Quand ses paroles se
réfléchirent dans le miroir de son esprit, il était trop tard pour les retenir,
elles s’étaient déjà envolées de son cerveau lent…