lundi 26 septembre 2022

 Croque Vie : Sacré-Coeur, été 2022


Au centre-village de Cœur Sacré,

La grise Église des temps consacrés,

A souvenir des dévots assemblés,

Sur son perron aujourd’hui délaissé…













Si les derniers fidèles, en ces jours d’impiétés,

Font leurs prières sur l’anse enroché,

Là où se perdent les méandres du Saguenay…

Il ne restera que des pêcheurs sans péché,

Pour recueillir les morues sans spiritualité,

De ce Fjord au cœur toujours enserré,

Dans des paysages aux accents sacrés…




vendredi 16 septembre 2022

 

Les barres parallèles…

Chapitre 6

 

 Des subterfuges licencieux, et des scientifiques rougeoyants.

 


Pour rencontrer les Spartakiens, Rémarche s’était habillé en scientifique. Il en avait revêtu la peau (il se l’était imposé) lors de son réveil. Sur cette planète aux permutations corporelles quotidiennes, il était permis de choisir son incarnation du jour si on occupait un métier spécialisé : la stabilité dans ces corps de métier était privilégiée, afin que les corps au travail aillent dans les bons quarts de travail.

 

Lorsqu’ils avaient découvert l’arrivée prochaine des Spartakiens dans le système, les supérieurs hiérarchiques et étagers (ils avaient leur bureau un étage plus haut) de Rémarche l’avaient enjoint subterfuger (le verbe n’existant pas, il me fallut user d’un subterfuge licencieux littérairement pour l’utiliser) ces nouveaux-venus.

 

La démarche de Rémarche (auprès des Spartakiens en marche pour trouver une solution rythmique aux problèmes de lenteur endémique de ce système solaire sans salaire temporel (de sa réalité issus du champ de faiblesse dans lequel il baignait, par la lenteur qui y prédominait, le temps n’y était vraiment pas de l’argent : les heures y étant trois fois plus longues, leur rémunération alors (alors à l’heure de tout à l’heure) atteignait des bas-fonds qui leur donnaient une nature quasi inexistante))  était une marche militaire : le pas avait été donné par les officiers de l’Armée du salut (armée susnommée en raison du salut qu’ils feraient aux habitants du système quand ils allaient le quitter).

 

Le subterfugeur (licencié par la poésie) les reçut donc dans son laboratoire secret qui avait pignon sur rue (c’était un secret mal gardé, mais bien regardé) au centre-ville. En conséquence de cette secrète visibilité, ils n’eurent pas de difficulté à trouver ce labo secrétant. Un néon clignotant et clinquant au-dessus de la porte en indiquait l’entrée ; Laboratoire secret, entrée secrète. Chut !

 

Devant cet incitatif au silence, ils entrèrent muettement dans les bureaux où les attendait le faux scientifique réellement militaire qui ne portait pas l’uniforme de l’un mais les habits de l’autre. Rémarche étant d’une race humanoïde, peu de chose le différenciait des hominidés venus le rencontrer, si ce n’était ses avant-bras et ses mains qui étaient d’une couleur rouge gêné (il tenait ce rouge de ses gênes, et non de sa gêne d’être un subterfugiste (une licence de peau éthique douteuse)). 

 


-Bonjour, leur secréta-t-il (preuve étant que le labo secret ne secrétait pas que des cachotteries, il secrétait également des banalités) à leur entrée dans son faux laboratoire véritablement piège. Bienvenue ici. Je suis content de vous recevoir, d’autant plus que je vous crois être des habitants de cette planète, et pas du tout des étranges venus d’ailleurs qui possèdent d’une navette que nous pourrions vous subtiliser subtilement afin de nous enfuir d’ici grâce à la technologie contrariante que nous avons développé depuis que nous sommes pris ici…

 

Rémarche se demanda si ses paroles n’avaient pas dépassé quelque peu sa pensée, ce qui n’avait rien de surprenant dans ce système où le temps était doublement relatif : ses habitants pensaient à ce qu’ils disaient, mais seulement après l’avoir dit. Soda avait été avisé par Hal de ce phénomène de pensée inédite (la pensée qui n’est dite qu’à sa suite). Il avait donc pensé à ce qu’il dirait quelques heures auparavant afin de laisser à sa pensée le temps de se rendre à sa parole, et éviter qu’elle ne la dépense (la parole qui n’est pas dépassée ne dépense pas la pensée).

 

-Je suis heureux d’entendre cela. Si vous m’expliquiez ce qu’il en est de cette technologie…

 

Ce que fit Rémarche sans pansement (une pensée où la poésie est licenciée). Quand ses paroles se réfléchirent dans le miroir de son esprit, il était trop tard pour les retenir, elles s’étaient déjà envolées de son cerveau lent…