Les barres parallèles…
Chapitre
2
Des clés de sol spatiales, et des somnambules volages…
La navette s’en allait à pas de
loups lents (dans le silence du cosmos apathique) vers Amorphe, la planète
passive principale de ce système aboulique. Elle s’était arrachée à l’anémie
énergétique de son vaisseau statique : le Spartacus était englué dans un magma
atonique provoqué par le champ de faiblesse endémique de ce système
antipathique. Et comme l’énergie faisait défaut, quand les Spartakiens
atteignirent leur vitesse de pointe, ce ne fût que celle d’une pointe émoussée.
Ils prirent donc bien plus de temps qu’il n’en fallut pour le dire avant d’arriver
à destination. Mais une fois qu’ils furent des parvenus, ils n’eurent pas de
difficultés à se poser sur le sol, là (si do ré qu’il fut par le soleil) où la
navette se mit fa cilement en équilibre sur ses atterrisseurs.
Quand ils eurent fini de faire leur
gamme spatiale en clé de sol, ils prirent pied sur cette surface planétaire,
devenu plantaire quand ils s’y étaient pris lesdits pieds (ils furent cinq à
débarquer). Les navets (l’équipage de la
navette) entreprirent sitôt terri (ils étaient atterris sans hâte) de débarquer
le matériel nécessaire à l’implantation d’un camp de vase (le sol était boueux
dans le coin). Une fois que ce fût fait (et que ce fait se fût avéré) ils lancèrent
des drones espions afin de recueillir des informations sur la population au
sein de laquelle ils avaient l’intention de se fondre. Ces appareils tiraient
leur énergie de l’air qu’ils compressaient afin d’en produire le jus qui même
s’il dérange (c’est connu, le jus d’orange) était propre à les faire carburer de
longues périodes sans refaire le plein, ce dont ils avaient besoin dans ce
désert d’énergie où il n’était possible que de faire le vide. C’étaient de
bonnes machines. L’association de la Chamellerie du drone dans son palmarès 2040,
leur attribuait la note A dans leur catégorie, ce qui leur avait valu le titre
de drones A d’airs compressés de l’année. Mais quand ils revinrent de leur
mission d’espionnage, ces fameux dronadaires n’étaient pas porteurs de bonnes
nouvelles…
En effet, les informations qu’en
tirèrent les chameliers dronautiques furent décevantes : leurs drôles à
terre (ils avaient le drone drôle quand il était au sol) leur apprirent que la
fonte populationnelle risquait d’être plus compliqué la fonte de la glace (d’autant
que la planète, en raison du champ de faiblesse qui l’enveloppait, l’avait friable
(la glace)). Le fondement de cet aléa fondamental était que les amorphes avaient
la fondation volatile. En plus d’être apathiques et apolitique, (les
organisations démocratiques demandaient trop d’énergie) ils étaient versatiles :
les habitants de la planète passaient de l’un à l’autre pendant leurs périodes
de sommeil, changeant d’enveloppes tandis qu’ils dormaient. Et comme ils
avaient l’ensommeillement redondant (la somme de leurs sommes avoisinait les seize
heures sur les trente que durait la journée amorphique (même le temps prenait
son temps sur ce monde)), ils n’étaient pas ce qu’ils étaient longtemps. Ils
devenaient autres dans de nouveaux hôtes plusieurs fois par jour, ce qui ne
facilitait pas les relations sociales, et quand on voulait se fondre dans une
population…
-Donc ils changent de corps
plusieurs fois par jour ? Demanda Georges.
-Oui, lui répondit Einstein. Plus
souvent qu’ils ne prennent de bain…
-Ils ont une mauvaise hygiène ?
-Non. C’est surtout qu’en raison du
champ de faiblesse, ils n’ont pas d’eau courante, que de l’eau marchante. Alors
le temps qu’ils remplissent une baignoire, ils sont dans un nouveau corps qui
ignore qu’il s’est fait couler un bain !
-Et comment passent-ils d’un corps à
l’autre ?
-En fait ce sont les corps qui
passent d’un esprit à l’autre : ils rêvent de nouvelles âmes en quête
desquelles ils vont somnambulant…
-Ils on le rêve volage…
-Oui, ce sont des polygames
spirituels… Ils dorment dans des couchettes spirituelles qui peuvent retenir un
esprit grâce à un support informatique. Ceci explique probablement cela,
poursuivit le conseiller redevenu scientifique. Le champ de faiblesse étant
matériel, les esprits en l’absence d’enveloppe peuvent fonctionner normalement,
et par là le contourner.
-Ce qui veux dire, reprit Georges
songeur, que si nous voulons contourner le champ de faiblesse, il nous faut
apprendre à quitter nos corps comme eux le font.
-Mais pour apprendre comment ils
font, il faut nous fondre parmi eux, et nous ne pourrons le faire tant que nous
ne saurons pas comment ils font…
-Mais il y aurait peut-être un moyen
de faire ceci pour faire cela, répliqua mystérieusement Georges…