jeudi 10 octobre 2019


Un titre 34 
Le retour au temps perdu, dans l'espace bien loin d'ici. 
Dix-huitième épisode
Des libérations à venir, et des Papous polis.

L’étonnement de Georges et de Menaud d’avoir comme voisin de cellulose (qu’on ose mettre en cellule) Spartacus, en fût un (étonnement) pour ledit voisin celé. Cette détonation (un étonnement qui détone) venait de son ignorance quant à sa notoriété notarié (certifiée de nos terres), qu’il n’acquerrait il est vrai que dans le futur de ce passé. Acquisition qu’il ferait en prenant la tête des esclaves lors de leur révolte postale… il lui faudrait beaucoup d’adresse pour que ces timbrés de la liberté soient libellés de leur servitude !

Mais le facteur temps allait délivrer cette délibération (une guerre de libération est une confrontation entre les points de vue des uns et des autres) dans un futur trop éloigné pour qu’elle ait une incidence sur le sort de nos héros. C’était maintenant que Georges et Menaud avaient besoin d’être affranchis de leur esclavage : avant qu’on ne les envoie faire les clowns dans l’arène du cirque, et qu’ils ne se retrouvent avec bien plus que le nez de rouge.

-J’aurais bien aimé assister au début de cette guerre servile, dit Menaud…

-Moi aussi. J’aurais voulu que nous fûmes (sans fumée) transportés où tout commencera, près de la ville de Capoue…

Et comme il disait ces mots, l’espace se mit à fluctuer autour d’eux, la réalité devint moins palpable. Encore une fois, ils se retrouvaient en plein transfert dimensionnel. Mais cette fois, le trou noir montra que non seulement il était facétieux, mais qu’il était aussi dur de la feuille…

Plutôt qu’à Capoue, il les transporta aux portes d’une ville de Papous !

 Ils étaient devant un guerrier Chimbu[1] qui gardait l’entrée de la ville. Ce Chimbu imbu de lui-même, avait le corps peint en squelette, et il portait un casque en terre glaise hérissé de défenses en bambou...

-Il est debout sous ses bambous ce Papou, dit Georges...

-Et il a le corps peint d’os, ajouta Menaud.

-Je vais activer mon traducteur universel pour entendre ce qu’il nous dit et qu’il nous entende quand nous disons…

Il régla donc l’appareil sur la bonne entente…

-Bonjour à vous monsieur Papou, dit-il alors…

-Bonjour étranger, lui répliqua le nouvel entendant, tout de même un peu surpris de cette entente nouvelle qu’il avait de ces étranges.

-Nous aimerions savoir si nous pourrions aller dans votre village afin de nous reposer un peu, lui répliqua Georges. À la longue, les transferts spatiotemporels (qui impliquent des décalages horaires de quelques millier d’années) peuvent devenir épuisants…

-Vous pourrez, mais avant cela, il faudrait que vous me certifiiez que vous n’êtes pas des démons surgis du néant pour nous y entraîner moi et mes collègues de Papouasie. Parce que si tel était le cas, je me verrais dans la triste obligation de vous tuer, ce qui me désolerait grandement, et ce dont je m'excuse par avance...

-Non, monsieur le guerrier, vous n'avez pas besoin de nous tuer, nous ne sommes pas des démons, mais des voyageurs virtuels au sein d'un singulier trou noir...

-Vous m'en voyez charmé, leur répondit alors fort civilement le guerrier poli. Je préfère me répandre en formule de politesse, que répandre votre sang...

-Voilà qui est tout à votre honneur. Mais si je puis me permettre de vous poser une question délicate : comment cela se fait-il que vous soyez un soldat civil dans ses propos, alors que la majorité des gens polis ont l’impolitesse de considérer votre peuple et sa culture comme étant primitives ?

-C'est que mon cher monsieur voyageur virtuel, les primitifs des uns ne sont pas nécessairement les primitifs des autres. Nous sommes certes des populations isolées, mais nous avons tout de même eu des visiteurs au fil des ans, dont certains missionnaires, que s'ils n'ont pas réussi à nous convertir, nous ont enseigné des bonnes manières… que nous avons parfaitement digérés !

-Les bonnes manières ?

-Non, les missionnaires… Que voulez-vous, à l'époque, nous discutions avant le repas avec le plat de résistance (qui ne résistait plus longtemps une fois que nous le mettions à cuire). Mais nous avons fini par comprendre qu’il était qu’il était fort mal poli de digérer ses invités, plutôt que de digérer avec eux au moment du café. Aujourd'hui nous savourons les propos de nos invités plutôt que de les savourer eux...

-Voilà qui me rassure, répondit Georges, je n'ai pas de goût pour me faire déguster...

-Oh ! Mais nous vous en aurions donné du goût : nous n’étions pas des rustres, nous assaisonnions ceux qui partageaient notre assiette (avec les patates et les petits pois) aux fines herbes. Mais vous ne pourrez hélas profiter de ces belles traditions culinaires, l'assaisonnement des convives n'étant plus de saison depuis que nous recevons les étrangers avec civilité. D'ailleurs, en parlant de convives, je me dois de vous dire, que vous n'êtes pas les premiers tel que vous à apparaître de nulle part.

-Vous avez vu des autres que nous tel que nous ? Lui demanda alors Menaud.

-Oui, je crois même que vous les connaissez. Quand nous leur avons offert de leur construire un abri pour les loger, ils ont répondu : « Si vous le construisez, ils viendront… »



[1] Les Chimbu vivent en Nouvelle-Guinée australienne, dans la province du même nom.